Les Dossiers Oubliés (Dept Q.): Netflix exhume les crimes froids avec une série qui sent le whisky, la pluie et les fantômes

Après les échecs, les regrets, et un flingue rangé trop tôt, il reste parfois un sous-sol, des cartons de dossiers poussiéreux… et une revanche à prendre. Avec Les Dossiers Oubliés (Dept. Q), Netflix plonge dans les coulisses d’une unité oubliée de la police écossaise, là où les affaires classées attendent leur dernier tour de piste. Au centre du jeu : Matthew Goode, impeccable en flic brisé à qui on confie la cave au lieu d’un blâme.

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Écrite et réalisée par Scott Frank (Le Jeu de la Dame), la série — adaptation des romans du danois Jussi Adler-Olsen — débarque le 29 mai 2025 et met les nerfs à nu. Ambiance murs humides, silences tendus et justice tardive. Pas de glamour ici, mais des âmes cabossées, des fêlures d’État et un vrai goût pour les zones grises. Bref, tout ce qu’on aime dans le polar bien noir.

Un flic, une cave et des cicatrices

Carl Morck (Matthew Goode) n’a plus grand-chose à sauver. Ex-flic star au comportement aussi abrasif que sa mémoire est encombrée, il survit à une bavure violente : un collègue mort, un autre paralysé, et lui, sur la touche.

On lui colle un placard déguisé : diriger un nouveau service chargé de rouvrir de vieilles affaires. “Dept. Q”, comme “quartier mort”. Il s’en fout. Solitaire, clope au bec, il compte tuer le temps entre deux parties de solitaire… jusqu’à ce que les vieilles affaires lui parlent à nouveau. Et qu’il tende l’oreille.

Your first look at Dept. Q, from the writer and director of The Queen’s Gambit.

Matthew Goode stars as DCI Carl Morck — a brash, but brilliant detective leading a cold case unit in Edinburgh. Premiering May 29. pic.twitter.com/rYSmFwgQrN

— Netflix (@netflix) April 21, 2025

Une galerie de seconds rôles qui volent la lumière

Comme tout bon polar noir, Les Dossiers Oubliés ne se contente pas de son enquêteur paumé : l’humanité se cache dans les marges, les regards de côté, les dossiers qu’on ne lit plus.

• Chloe Pirrie incarne Merritt, procureure froide à la rage contenue, aussi brillante qu’instable. Elle entre dans le champ comme une grenade sans goupille.
• Alexej Manvelov, discret mais magnétique, joue Akram, ex-flic syrien devenu assistant administratif : un homme qui a vu pire que Carl, mais qui n’en dit rien. Leur tandem devient le cœur inattendu du récit.
• Kelly Macdonald signe une psy lucide et borderline, qui devine les failles de Carl avant même qu’il les nie.
• Et Leah Byrne, en jeune recrue cabossée par une dépression passée, incarne une génération flic qui doute, qui souffre, et qui espère encore faire quelque chose de bien.

Le tout supervisé par Moira (Kate Dickie, glaçante comme toujours), cheffe cynique à qui on ne la fait plus.

Une adaptation qui joue la carte UK noir

Là où les romans originaux se déroulaient au Danemark, Scott Frank les transbahute à Édimbourg. Et il faut le dire : la ville colle à la peau de la série. Ses ruelles trempées, ses immeubles de pierre, ses vieux pubs où l’on noie sa honte plutôt que ses souvenirs… c’est du décor qui raconte déjà l’histoire.

Frank, à la réalisation des deux premiers épisodes, garde l’élégance formelle qui faisait la force de The Queen’s Gambit : des cadres précis, des non-dits qui hurlent, et des dialogues qui tranchent comme une lame oubliée dans un tiroir.

Ce qu’il faut savoir